vendredi 12 avril 2013

Réal Godbout en dédicace

« Le roman «L’Amérique» de Kafka est génial. S’il en avait été autrement, je n’aurais jamais songé à l’adapter. Mais c’est en même temps uneœuvre inachevée, imparfaite, parfois décousue, déroutante. C’est ce qui rendait pour moi les choses particulièrement intéressantes, le défi étant d’en tirer, tout en respectant les intentions de l’auteur, un récit, un scénario et une BD qui se tiennent. Il a fallu pour cela élaguer (sans quoi je me serais retrouvé avec un album de mille pages), simplifier, condenser, résumer, sans que cela ne se sente trop, mais aussi reconstruire, enchaîner et faire quelques ajouts pour remplir les trous, notamment à l’avant-dernier chapitre, où certains passages sont de pures fabrications.

Il y a de l’humour dans Kafka, beaucoup d’humour. Encore faut-il savoir le détecter. Tout est dans le point de vue, dans la façon dont on l’aborde. Cet humour particulier, où entrent absurde, pessimisme et auto-flagellation est souvent qualifié d’humour juif. On peut penser à Woody Allen, à Mordecai Richler, à Art Spiegelman et à plusieurs autres. Toutefois, il n’est pas nécessaire d’être juif pour l’apprécier, ni même pour le pratiquer. » (Source 
http://lameriqueouledisparu.blogspot.ca/)

Réal Godbout a songé à adapter L’Amérique en bande dessinée il y a plus de 35 ans. À l’époque, le roman l’avait beaucoup marqué. Il avait lu aussi quelque part que Federico Fellini envisageait de le porter à l’écran, ce qui lui avait donné à penser qu’on pouvait en tirer quelque chose. Fellini n’a jamais fait le film, mais il a quand même utilisé l’idée dans Intervista, fiction autobiographique le montrant en train de tourner L’Amérique. À l’époque, il croyait sans doute être le seul à avoir cette idée. Il a constaté depuis que Kafka, malgré son côté supposément grave et cérébral, voire sinistre, se prêtait bien à la bande dessinée…
Dans cette adaptation, l’auteur a cherché à rester aussi fidèle que possible au roman, en respectant généralement le récit, les personnages et l’esprit de l’auteur. Contrairement à un préjugé trop répandu sur Kafka, il ne s’agit pas d’une œuvre sombre et sinistre, mais d’un récit vivant et imagé, avec une touche d’humour absurde. L’écriture de Kafka peut sembler froide et détachée. Mais cela ne l’empêche pas de provoquer l’émotion (et parfois le rire) chez le lecteur !

Réal Godbout a mis plus de 7 ans de travail pour parvenir à adapter «son» Kafka.
Dessinateur et coscénariste des séries Michel Risque et Red Ketchup, Réal Godbout est né à Montréal en 1951. Atteint dès l’enfance par le virus de la bande dessinée, il commence à dessiner en 1969 après quelques trimestres d’études sans conséquences. C’est au cours des années 1970 que Réal Godbout deviendra l’un des chefs de file de la renaissance de la bande dessinée québécoise, cette période d’effervescence que l’on a souvent appelée « le printemps de la BDQ ». Réal Godbout travaille également comme illustrateur et a produit une série de bandes dessinées pour le magazine Les Débrouillards. Depuis 1999, il enseigne la bande dessinée à l’École multidisciplinaire de l’image de l’Université du Québec en Outaouais. Il est élu au Temple de la renommée de la bande dessinée canadienne. (Source la Pastèque)